Paul Neau est ingénieur écologue spécialiste de l’énergie éolienne, il a créé son propre bureau d’étude Abies, spécialisé dans l’éolien et l’environnement.
Il est également, auteur ou co-auteur d’ouvrages de référence sur l’énergie éolienne : le « Guide du porteur de projet de parc éolien » et le « Manuel préliminaire de l’étude d’impact des parcs éoliens » pour le compte de l’Ademe, ou le très récent « Guide de l’étude d’impact sur l’environnement des parcs éoliens » pour le compte du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable et de l’ADEME.
Toulous’Ethic : « Quels sont les principaux critères pris en compte lors d’une étude d’impact concernant un projet éolien ? »
Paul Neau, ingénieur écologue
Paul Neau : « Tout d’abord, il faut savoir qu’une étude d’impact ce n’est pas seulement dire oui ou non à un projet, mais c’est faire en sorte, que ce projet soit le plus responsable possible. l’étude d’impact doit remplir trois objectifs. En premier lieu, protéger les milieux naturels et la faune. Par exemple, il est possible de programmer le fonctionnement des éoliennes pour que sur certaines périodes délicates, comme le début des nuits d’été pour les chauves-souris. Il y a aussi le paysage, là on peut jouer sur le nombre et la hauteur des éoliennes. Enfin, le dernier point concerne le voisinage, il faut savoir qu’en France, il n’y pas de règle fixe d’éloignement par rapport aux riverains, cependant, la nuisance sonore ne doit pas dépasser les 5 décibels le jour et 3 décibels la nuit. C’est la règle la plus sévère existante, par exemple, si elle était appliquée aux aéroports, plus aucun avion ne décollerait ! »
T’E : « Est-ce que les ZDE (zone de développement éolien) limitent le développement de cette énergie ? »
P. N. : « Sur le plan administratif, ça rajoute une étape, donc ça complexifie les dossiers, mais on met de l’ordre donc c’est plutôt positif. Les députés ont déterminé trois critères d’implantation : le vent, la possibilité de se raccorder au réseau électrique et la protection des paysages, mais ils ont oublié la protection du milieu naturel et de la faune. En Midi-Pyrénées, l’Aveyron et le Tarn sont des départements propices pour l’éolien, ensuite il y a l’Ariège et la Haute-Garonne où seulement quelques territoires ont assez de vent ; par contre dans le Gers et le Tarn-et-Garonne, le vent est insuffisant. Cependant rien n’est figé, aujourd’hui grâce aux éoliennes de plus grandes tailles on peut envisager un parc là où l’on n’intervenait pas il y a quelques années. »
T’E : « Quelle indépendance pouvez-vous garantir, alors que vous êtes rémunéré par les promoteurs ? » P. N. : « On est jugé par les services de l’Etat, si on remet une étude d’impact incomplète, insuffisante ou légère, il faudra que l’on se justifie. On travaille à améliorer un projet. Parfois, des projets qui initialement comptent une vingtaine d’éoliennes sont réduits de plus de moitié après l’étude d’impact. Sur certains projets, lorsqu’il y a une forte opposition et que donc le permis de construire sera plus difficile, plus long et plus coûteux à obtenir, c’est facile de dire non à un promoteur, car c’est la logique économique et financière. »